mardi 4 janvier 2022

Battle Royale de Koushun Takami

Battle Royale a été ma dernière lecture de 2021. Je l’ai achevée le 31 décembre très exactement car je ne voulais pas faire prolonger le suspens que l’auteur a réussi à distiller au fil des pages.

Le pitch est très simple, ce qui ne l’empêche pas d’être vraiment insensé.

Dans la République de Grande Asie, une classe de 3e est sélectionnée périodiquement pour participer à un jeu macabre qui doit forcément prendre fin lorsqu’il ne reste qu’un seul élève vivant.

Tout est mis en œuvre par le Gouvernement afin de titiller au maximum l’instinct de survie des participants qui se retrouvent dans l’obligation de s’entretuer.

Le parallèle avec des séries telles que Squid Game ou Alice in Boredland est vite fait. D’ailleurs ce sont ces œuvres qui étaient à l’origine de mon intérêt (retour aux sources ?) pour ce classique de la dystopie.

A la question « Quand s’arrête l’humanité de ces personnages ? », j’ai envie de répondre par une autre question : « Quand est-ce qu’elle débute ? »

Est-ce que ce trait de personnalité fait partie du package initial de notre venue au monde ?

Sommes-nous en mesure de la développer, de la refouler ou de s’en séparer de manière définitive ?

L’humanité est-elle propre aux bipèdes mais n’est exprimée que par une élite ?

C’est ce genre d’interrogations qui m’a accompagnée tout au long de ma lecture et auxquelles je ne trouve toujours pas de réponses catégoriques malgré un ressenti ferme à l’égard de l’espèce dont je fais partie.

C’est peut-être pour cette raison d’ailleurs qu’en dépit des horreurs dont ont été capables certains personnages (Kiriyama, pour ne citer que lui), je n’ai pu endosser le rôle du magistrat intègre et plein de bon sens pour émettre des jugements impartiaux et me faire une opinion tranchée.

Je me suis « contentée » d’accompagner, de loin, les jeunes élèves dans ce jeu sordide, d’exécrer les divers organes de ce Gouvernement totalitaire (dont le leader est appelé Reichsfürer) pour avoir provoqué et encouragé de telles mutineries, et d’avoir des soulèvements d’estomac à chaque fois que le personnage de Sakamochi intervenait.

Battle Royale n’est pas une lecture qui laisse indifférent.e. Ce n’est pas non plus une œuvre qui frustre étant donné que les sentiments qu’elle suscite font plus au moins partie du quotidien (injustice, colère, mépris, …)

Battle Royale est une baffe laser qui, une fois le vertige passé, appuie sadiquement à l’endroit où ça fait vraiment mal et suscite diverses interpellations par rapport à ce qui nous différencie des autres espèces qui, elles ne connaissent pas la méchanceté gratuite.

Pour chipoter (parce qu’il le faut bien), j’aurais préféré que la fin du jeu soit un peu plus détaillée et un peu moins accélérée.

J’aurais aimé que l’auteur prenne plus de temps, me prenne doucement par la main pour m’accompagner jusqu’à la fin du livre et pourquoi pas tapoter sur mon épaule et me dise qu’il ne faut pas s’en faire, que ça a toujours été le cas et ce le sera toujours, en m’offrant du chocolat chaud et un bon dorayaki. Mais bon, …

J’aurais souhaité aussi que les personnages féminins soient moins mous, plus aboutis, et qu’on en décrive un peu plus surtout que, du fait de la composition de cette classe de 3e, les filles sont aussi nombreuses que les garçons.

つづく