Ce roman graphique a gagné le Prix national de la bande dessinée de 2008 👌
mercredi 30 juin 2021
Chronique de la bande dessinée: Arrugas de Paco Roca
lundi 28 juin 2021
Summer Reading: Ma pile à lire pour l'été (2021)
Le choix a été bien évidemment très difficile et je suis encore tentée de rajouter d'autres titres.
Pour l'instant, la voix de la raison est en train de prendre le dessus surtout que onze titres, c'est plus qu'assez pour trois mois de lecture (oui, pour moi cet été débutera le 1er juillet et prendra fin le 30 septembre).
Le seul critère de sélection dont j'ai tenu compte en choisissant les titres est l'éclectisme. J'ai essayé d'intégrer dans cette pile à lire des livres en arabe (deux), un romans graphique, des essais (trois), une biographie, des classiques (deux) et un gros pavé qui me tente depuis longtemps.
Voici donc ma sélection pour cet été, qui n'inclut pas les romans graphiques en espagnol que je compte lire:
1. Orgueil et Préjugés de Jane Austen
2. La Bénédiction Inattendue de Yôko Ogawa
3. Nos Compagnons de Jirô Taniguchi
4. Billie H. de Louis Atangana
5. قيامة الحشاشين للهادي التيمومي
6. Panthères Noires: Histoire du Black Panther Party de Tom Van Eersel
7. Typhon de Joseph Conrad
8. La civilisation du Poisson Rouge de Bruno Patino
9. أعراس آمنة لابراهيم نصر الله
10. Fuck Le Patriarcat de Mona Eltahawy
11. Train de Nuit Pour Lisbonne de Pascal Mercier
Chronique du livre: La découverte de l’Amérique par les Turcs de Jorge Amado
Ma première rencontre avec Jorge Amado n’a pas été très concluante et cette lecture m’a laissée pour le moins remontée, alors que je me faisais une joie de découvrir une nouvelle plume Brésilienne.
Dans ce court roman de 126 pages, on suit principalement deux personnages: Raduan et Jamil, tous deux partis s’établir à Bahia au Brésil et qu’on prend à tort pour des Turcs (le premier est Libanais, le second Syrien).
Si les péripéties de leur voyage ainsi que leur adaptation à leur nouvel environnement sont à peine relatées, la majeure partie du roman est consacrée à la problématique suivante: la nécessité de “trouver” un mari à Adma. L’un des personnages féminins dont l’auteur dépeint le caractère et le physique de la manière la moins subtil qui soit.
Adma est aussi laide dans l’absolu que comparée à ses trois sœurs. En plus de ses tares physiques, elle est acariâtre, représente un fard d’eau pour toute la fille et a été impossible à caser malgré l’importance de la dot que son père serait prêt à apporter.
Lors de cette quête, Raduan joue le rôle d’entremetteur et Jamil celui de l’un des prétendants contrariés.
Si j’arrive à concevoir que l’on puisse traiter des thématiques épineuses par dessus le bras, avec légèreté ou on y incluant des notes d’humour, je n’arrive pas à m’expliquer la piètre image de la femme dépeinte dans ce roman, même lorsque je le remets dans le contexte d’une une bourgade brésilienne du début du 20e siècle (où,je suppose, des notions telles que mainsplaining, misogynie, sexisme et machisme ne sont pas très répandues, comme nulle part ailleurs à cette époque.)
La femme dans ce roman est soit une prostituée, soit une allumeuse, soit un simple objet sexuel, soit un être soumis ou un laideron refoulé qu’on devrait décomplexer et dompter à coup “de bâton et de carotte”.
Sur les 126 pages, j’ai compté plus d’une quinzaine de passages rétrogrades, voire misogynes, et un passage qui “tolère” la violence conjugale.
Les passages qui se voulaient drolatiques ont eu pour seul effet de me mettre en rogne face à autant de négligence de la part de l’auteur.
vendredi 25 juin 2021
Série: Sweet Tooth
Sweet tooth est une série fantastique américaine, en cours de production par Netflix.
J’ai eu l’opportunité de regarder la première saison (huit épisodes) et j’ai été complètement subjuguée par l’univers que Beth Schwartz et Jim Mickle ont réussi à mettre en place.
Tirée de la bande dessinée du même nom*, Sweet tooth retrace les péripéties de Gus, un hybride mi-humain mi-cerf de dix ans, qui part à la recherche de ses origines.
Une quête qui paraît d’un extrême simplicité de prime abord mais qui soulève plusieurs interrogations beaucoup moins légères (et qui se trouvent être d’actualité au moment du visionnage) telles que l’avenir de l’humanité, le rapport de l’humain à la nature, les origines des pandémies, le spécisme, la survie des espèces et l'apparition de nouvelles.
Durant les premiers épisodes, on constate que des créatures hybrides existent et qu’au moment de leur apparition, un pandémie est en train de faire un ravage auprès des humains.
On se conforte dans le sentiment (partagé par quelques personnages) que ces deux manifestations caractérisent la réaction de Dame Nature face aux agressions subies par les humains (pollution, gestion malsaine des ressources naturelles, extinction des espèces, changements climatiques, surconsommation,...)
On apprendra au fil des épisodes qu’il n’en est malheureusement rien.
L’humain est incapable de demie mesure: face aux dégâts qu’il a provoqué durant quelques siècles, il en provoque d’autres, beaucoup plus atroces en pensant que ça va rectifier le tir.
Si j’ai un peu déchanté en me rendant compte que la Nature était pacifiste par nature (mauvais jeu de mot involontaire) et incapable de punir l’Homme pour tout ce qu’il a fait, le fait de constater l’infinie nuisance et l’immensité de l’ignorance de ce dernier n’a fait que confirmer mes à priori quant à cette espèce.
Même si c’était prévisible et décevant, ça a quelque peu flatté mes capacités de déduction.
Point de vue forme, la photographie assurée par John Cavill, Dave Garbett et Aaron Morton est vraiment belle. Un vrai plaisir pour les yeux.
Les personnages sont bien conçus, à mon sens, même si je déplore un manque de profondeur pour celui de Jepp et du Général Abbott.
J’ai espoir que la deuxième saison va leur apporter un peu plus de relief.
Un gros coup de cœur pour le personnage animé de Bobby, la taupe hybride (pas bien finie comme diraient les médisants) qui est si mignonne qu’on lui pardonne volontiers d’avoir été à l’origine de la capture des enfants hybrides.
*publiée chez Urban Comics, écrite et illustrée par Jeff Lemire
jeudi 24 juin 2021
Chronique du livre: Intrusion de Natsuo Kirino
Déroutante serait l’adjectif qui qualifierait le mieux, selon moi, cette lecture.
Une lecture difficile à classer et qui ne ressemble en rien à ce que j’ai pu lire jusqu’à présent, à tel point que j’ai mis plusieurs jours pour pouvoir rassembler mes idées et aborder logiquement le déroulement des événements mentionnés dans ce livre.
On suit au fil des pages une jeune romancière (Tamaki Suzuki) qui pour les besoins de son nouveau roman, plonge dans l’univers d’un autre écrivain (Mikio Midorikawa) à travers son œuvre littéraire la plus vendue (Innocent), pour écrire une fiction largement inspirée de la vie de ce dernier.
Tout au long de sa quête, le personnage de la romancière se heurte à des zones d’ombre dans la vie de Midorikawa (dont l’identité de l’énigmatique O.) qu’elle tente d’éclaircir en allant sur le terrain et en interrogeant les proches de l’écrivain (épouse, enfants, maitresses, muse, …) qui ont la particularité de ne pas toujours dire la vérité et d’en cacher certaines.
Si l’enchevêtrement de l’intrigue peut parfois dérouter, il est à mon sens plus que légitime car il permet de s’introduire (wink wink) dans la tête du personnage de l’écrivaine, de parfois s’y identifier et de se sentir concerné.e par l’issue de son entreprise.
Dans le respect le plus strict du female gaze, ce roman nous jette carrément dans les méandres de la pensée de son personnage féminin qu’on suit à l’aveuglette et qu’on apprécie sans juger.
Autre particularité d’Intrusion ; ses personnages que personnellement j’organise -sans aucune hiérarchie- en personnages « actifs » qui évoluent en même temps qu’on avance dans la lecture, et en personnages « passifs » qui ont vécu mais dont « la présence » est indispensable aussi bien pour l’intrigue que pour satisfaire ma curiosité malsaine (Midorikawa et O.).
Si les labyrinthes ne vous font pas peur, foncez !